Au fond de la grange

J’aime écrire, j’ai besoin d’écrire. C’est un souffle qui s’impose à moi dans l’urgence de vivre intensément… Je ne te parle pas de ce que je vis. Je suis sonnée, comme un boxeur au tapis. L’absence de sommeil et de nourriture me maintient dans un état second permanent.

J’aime écrire ton prénom. J’ai essayé d’autres corps. Ephémères. Toujours vivre fort. Je rentre de quelques jours qui me font respirer plus grand. J’essaie de t’imaginer vivre, et je n’y parviens pas. Il n’y a que cette bulle dans laquelle nous flottons, l’un contre l’autre, lorsque le temps s’est arrêté.

J’écris si peu… Parce que cela m’amène au bord du gouffre et me donne le vertige. Je ne vis pas, je me brûle, d’une autre manière. Je m’accroche à des riens qui de l’extérieur paraissent grandioses quand je les sais creux dedans. Je m’accroche aux mots et aux sons. Parce là je crois exister encore quand tout n’est que ruines. J’ignore combien de temps je vais tenir ce rôle…

Ecrire dans le secret de mes silences. J’ai besoin de respirer à grandes bouffées tandis que ma cage thoracique n’est que courbatures. Je ne parviens pas à penser ce désenchantement. Rien ne fait le poids que ces corps qui s’approchent du mien dans le brouillard de mes nuits blanches. Cela me sauve. Très provisoirement. Cela me sauve, quand même.